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L'illusion comique


Introduction

C'est une pièce de Corneille (1606-1684), qu'il a écrit à ses débuts, en 1936, alors qu'il a 30 ans. Cette pièce est marquée par le courant baroque et arrive juste avant Le Cid (1937), changeant de registre puisque c'est une tragédie.

Sujet: Pridamant a perdu son fils Clindor et fait alors appel au magicien Alcandre. Ce dernier fait alors prendre conscience à Pridamant que son fils est comédien et qu'il vit bien. Bien que le père considère qu'être comédien est infamant (v. 34 à 37), on a ici affaire à un dénouement heureux. Cette pièce étant une comédie classique, elle est écrite en alexandrins et rimes plates.

Problématique: Comment le théâtre montre-t-il, à l'intérieur même du texte théâtral, le fonctionnement de l'illusion dramatique?

Plan:
I. Le théâtre dans le théâtre
II. L'éloge du théâtre


I. Le théâtre dans le théâtre

a) Le principe de l'illusion théâtrale
Cette scène met en oeuvre 3 niveaux de spectacle:
- La fin de la pièce enchâssée, suggérée par la didascalie, particulièrement longue pour l'époque.
- Le retour à la réalité par les acteurs, qui comptent leur argent, ils ne sont plus acteurs.
- La pièce cadre: l'action entre Alcandre et Pridamant, on a l'impression que cette pièce est réelle alors que c'est une illusion.

Ces 3 niveaux font que la pièce cadre apparait réelle. On dénonce une illusion dramatique, celle de la pièce enchâssée pour en installer et confirmer une autre, celle de la pièce cadre, avec la discussion entre le magicien et Pridamant.

On a ici un jeu ancré dans l'esthétique baroque, on ne sait plus où se trouve la réalité.

b) Le retour au réel
Le but est de mettre fin à l'illusion, de lever le voile. Mais ce retour au réel est faux, puisque l'on reste dans le théâtre.
Le père apprend que son fils qu'il croyait mort est comédien, il jouait en fait une tragédie. Ce retour au réel est marqué par plusieurs procédés:
- La didascalie, qui montre que l'on est au théâtre. Mais il y a quelque chose d'étrange: on relève les rideaux. Ce qui signifie habituellement le commencement du théâtre, la réalité revenant quand on les baisse. L'auteur va donc à l'inverse de l'habituel.
- Il surprend énormément Pridamant: v. 3 à 6, qui sont des vers essentiellement exclamatifs (et plus rarement interrogatifs). Aux vers 5 et 6, on relève une triple répétition de «Je vois». Celui-ci est ambivalent, il s'adresse aussi bien au théâtre qu'à la réalité. Il y a un parallélisme qui passe par les rimes.
- Ce retour se termine au vers 21, lorsque que le père voit son fils en tant que comédien. Il s'exprime alors par une phrase nominale exclamative occupant uniquement ½ vers: c'est un coup de théâtre.

Cette scène montre en effet un contraste étonnant entre l'illusion et la réalité, d'autant plus appuyé que cette réalité est dévoilée par un magicien illusionniste.

c) La vérité matérielle de l'argent
Pour bien faire sentir la réalité, l'auteur parle du théâtre de manière triviale et matérielle, donc de l'argent. Pour cela, Corneille utilise un registre très vaste. Dès la didascalie, on sait que les acteurs comptent de l'argent. Puis, aux vers 1, 9 et 10, il est aussi exprimé, et est même mis à la rime. Corneille montre ainsi cette réalité très matérielle: les acteurs ne font pas que jouer, ils travaillent. Être comédien est un métier pour lequel on perçoit de l'argent. L'auteur insiste là-dessus car au XVIIème, ce métier était considéré comme infamant et les comédiens n'étaient pas reconnus. Il y a une volonté de démystification du théâtre, ce qui sert à montrer que c'est aussi un métier qui donne son charme au théâtre. Charme vient de Carmen, carminis: le sortilège, en latin ou vers, poème. Ce mot a donc un sens particulièrement fort: le théâtre ensorcelle, envoute les spectateurs. Le théâtre s'apparente à de la magie, ce qui explique la présence ici d'un magicien. Ainsi, on peut se tromper tel Pridamant en prenant pour réel le théâtre.

On a donc une image très contrastée du théâtre, à la fois dans le charme mais dans le matériel, dans le réel mais dans l'illusion. C'est un monde extraordinaire.


II. L'éloge du théâtre

Par le biais du magicien Alcandre, le dramaturge montre la magie du théâtre, ainsi que sa démystification, ce qui amène à son éloge. Cet éloge est amené grâce au père, qui n'accepte pas que son fils soit comédien. Alcandre défend alors le théâtre.

a) Un art qui ravit
Cette idée est clairement exprimée v. 29: «ravissent» (qui vient du latin rapio: enlever mais qui signifie plus ici envouter). On est donc à nouveau sous l'effet du charme du théâtre. Il s'agit bien d'un art (par opposition à l'artisanat). Mais le théâtre est pourtant habituellement considéré avec mépris. Ainsi, le fait de parler d'art est extrêmement valorisant. Cet art est «si difficile» (v. 22) car il est particulièrement élaboré et demande beaucoup de métier.
Le théâtre n'a rien à voir avec la réalité, il est fondé sur la parole: v. 11 à 13: parole = action. Enfin, au vers 28, avec l'expression «noble métier», l'auteur contredit l'idée infamante qu'on se fait du théâtre. Ainsi, le théâtre ravit tout le monde: v. 29, 41 à 44. C'est une hyperbole.

b) Le théâtre que chacun idolâtre Il y a ici une exagération car idolâtrer signifier adorer une idole de religion, vénérer, cela a un sens fort. Mais idolâtre suppose aussi un engouement, un succès rapide donc éphémère (à la mode). Cela peut avoir une connotation péjorative.
V. 39: le théâtre est reconnu et apprécié. V. 42 à 44, on montre que le théâtre a acquis du prestige, en raison de la qualité de ses spectateurs. Aux vers 44 et 45, «grands» et «passe-temps» forment une rime signifiante. Le théâtre est avant tout un plaisir mais aussi un enseignement.

c) Les avantages dans la société
V. 30-31: gain, équipage, étalage. Le théâtre donne gloire et argent.
Le magicien parle à un bourgeois (Pridamant), qui, dans le monde de la comédie, sont mis sur scène pour s'occuper de savoir si on peut gagner sa vie par tel moyen (dans les tragédies, ce sont les nobles). La réponse est ici que oui. La gloire se traduit par le fait que l'on puisse aller jouer par exemple au sein de la cour ou devant des aristocrates. Cela se développe sous Louis XIV.


Conclusion

On a ici affaire à une scène de dénouement heureux d'une comédie. Cette scène est néanmoins connue pour faire l'éloge du théâtre: le personnage d'Alcandre a réussi à convaincre Pridamant de l'intérêt du théâtre, ce qui n'était pas acquis à l'époque et du fait qu'être comédien était un bon métier, donnant assez d'argent pour permettre de vivre, apportant la gloire puisqu'ils sont admirés sur scène et une place dans la société.
Le pouvoir du théâtre est fondé sur l'illusion dramatique (ce qui se passe sur la scène semble réel), ici installée puis brisée. Le théâtre ravit les gens car il permet de passer un bon moment. Mais il faut plaire au roi, aussi bien le théâtre que les artistes. Il ne sont donc pas indépendants mais liés au pouvoir.