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Quand vous serez bien vieille...


Introduction

C'est un poème extrait du recueil Sonnets Pour Hélène, de Ronsard (1524-1585), publié en 1578. Ronsard est le chef de La Pléiade, groupe de 7 poètes qui relancent la poésie française. Il est surnommé le «Prince des poètes» et est connu et reconnu, y compris de son vivant, notamment pour sa poésie amoureuse en sonnet (à Cassandre, Marie et Hélène de Surgères, suivante de la reine Catherine de Médicis). Il a tenté une épopée, La Franciade, qui n'a pas marché. C'est un catholique modéré mais militant.
Ronsard écrit ce recueil à l'âge de 54 ans, à la fin de sa carrière, alors qu'il est déjà connu. Il s'adresse à Hélène de Surgères, qui a perdu son fiancé, mort à la guerre. De même que Cassandre et Marie, elle devient de moins en moins personnelle, de plus en plus fictionnalisée. On n'est plus dans l'autobiographie mais dans un sujet littéraire, à rapprocher d'Hélène de Troyes. C'est un poème sans titre, comme la moitié des poèmes français: on prend alors le premier hémistiche pour le nommer. C'est un sonnet en alexandrins aux rimes organisées: abba abba ccd eed. Nous sommes dans la poésie amoureuse.

Sujet: Ronsard invite Hélène à l'aimer car sinon, elle regrettera lorsque qu'elle sera vieille. C'est un poème empreint de la philosophie épicurienne du Carpe Diem: profiter du moment présent. Le poète parle des regrets en général. C'est l'occasion d'évoquer les ravages que cause la fuite du temps, thème lyrique bien connu.

Plan:
I. Le temps dévastateur
II. Le carpe diem
III. Le pouvoir d'immortalité de la poésie


I. Le temps dévastateur

Tous les verbes sont au futur, exceptés les participes présents et les derniers verbes (présent de l'impératif) + l'imparfait du vers 4. Le futur des vers 1 à 12 s'oppose à l'impératif des vers 13 et 14. Les participes présent sont très nombreux (v. 2, 3, 5, 6, 7, 8, 12), ce qui est étonnant car il est rare qu'ils soient utilisés et sont pesants.

a) Hélène
Le futur sert à décrire l'avenir lointaine d'Hélène: sa vieillesse, son enlaidissement et sa mort. Dans cette partie future, il n'y a que 3 phrases (1er, 2ème quatrain, v. 9-12), longues et descriptives. Le portrait se fait donc au futur, avec l'aide des participes présent. Ainsi, le son «an» est répété souvent, évoquant la lenteur, la monotonie. Ils sont pesants. De plus, le rythme est encore ralenti par les virgules.
L'expression «Au soir» (v. 1) a deux sens, elle peut évoquer la fin de la journée ou la fin de vie d'Hélène. L'énonciation est précise: «vous» désigne Hélène, (cf titre recueil). Ronsard fait un portrait d'Hélène assez dur: «bien vieille» (v. 1), il est cruel. V. 2, le poète prête à Hélène une activité de vieille grand-mère, accentué par un participe présent, montrant la lenteur et la répétition de l'action. Cela est dû à sa vieillesse. V. 5, elle est présentée comme seule.
Ce tableau montre une fin de vie triste pour Hélène, opposée à sa vie présente.

b) Le poète
Le poète parle ensuite de lui v. 9-10, où il montre la mort, qui est son avenir. Il l'évoque par la rime «os» et «repos». Il envisage sa mort avec la culture greco-latine (avec Champs Elysées, réservés aux grands hommes et aux amoureux). Cela marque son appartenance à l'Humanisme. Nous sommes donc bien dans un poème littéraire et non autobiographique. Il a cependant un paganisme (? païen) de convention.

c) Les regrets
Tout cela engendre inévitablement des regrets, que le poète essaie de susciter par ce long tableau du futur. Au vers 4, l'imparfait indique que Ronsard était là et qu'Hélène n'est à présent plus belle. Le discours direct utilisé ici, rarissime en poésie, sert à présenter les respects d'Hélène, à faire l'éloge du poète. On note que le 1er et le dernier hémistiche du premier quatrain sont en opposition.
A la fin du tableau, v. 12, est employé le terme «regrettant». Ce vers est découpé en 3, 3, 6 syllabes, ce qui montre que ses regrets viennent du fait qu'elle a repoussé Ronsard. Enfin, «dédain» reçoit un adjectif: «fier», qui l'oppose à «amour»

Le tableau est statique mais montre une évolution: de «bien vieille» on passe à «vieille accroupie. C'est un tableau pessimiste, dur, cruel mais assez réaliste: il s'agit d'une stratégie amoureuse.


II. Le Carpe Diem

a) Le carpe diem, but du poème
Le Carpe Diem est le but du poème. Il arrive à la fin, v. 13-14, exprimé par 3 verbes à l'impératif montrant qu'on donne un ordre, un conseil vif. Cela contraste avec le reste du poème au niveau du rythme. Cet ordre est par ailleurs renforcé par les adverbes. «Roses de la vie» est la métaphore finale, elle occupe le dernier hémistiche. Son dernier mot, «vie» s'oppose à «accroupie», avec qui il rime pourtant. C'est une métaphore bien connue, qui rappelle l'autre grand poème de Ronsard: «Mignonne allons voir si la rose...». C'est la plus ancienne image de la poésie française, qui renvoie à la fragilité de la vie: les bonnes choses (bonheur, beauté, amour) ne sont que fugaces.

b) La stratégie amoureuse paradoxale
Ce carpe diem signifie «aimez-moi». Cependant, la stratégie amoureuse du poète est paradoxale puisque c'est un poème d'amour cruel, dans lequel l'auteur parle de la solitude à venir de la femme aimée, ainsi que de sa beauté qui ne durera pas. Il utilise les regrets pour inviter Hélène à jouir de la jeunesse (v. 12). Ainsi, «dédain» est valorisé par l'adjectif qu'on lui accole: «fier», qui occupe alors la moitié du vers. A moins qu'Hélène perçoive le jeu d'esprit et qu'elle soit flattée d'être désirée d'un poète connu et reconnu, du quel elle est le sujet, c'est une stratégie paradoxale.


III. Le pouvoir d'immortalité de la poésie

a) La poésie rend immortelle Hélène, celle que célèbre le poème
On retrouve ici la fonction première de la poésie, qui est de rendre hommage, célébrer (ici, la beauté d'Hélène): v. 4, «me célébrait». Le vers 3 suggère que bien longtemps après les évènements, Hélène se souviendra de ce poème lui étant dédié. Le poète utilise le terme «chantant», qui renvoie au lien traditionnel qu'il existe entre poésie et musique.
«chandelle» (symbolisant la fuite du temps) est à la rime avec «belle», «telle nouvelle» avec «immortelle». Ces rimes sont signifiantes: la poésie non seulement célèbre la beauté d'Hélène, mais en plus elle rend immortelle la jeune femme. Le poésie est un moyen de traverser le temps car comme tout art, elle résiste au temps, échappe à sa fuite, contrairement aux êtres humains et à leur beauté. Ainsi, être aimée de Ronsard, c'est accéder à l'immortalité, rester dans les mémoires et ce, tout en restant belle.

b) La poésie rend immortel Ronsard, le poète
La poésie a un pouvoir de séduction, et même si Hélène ne répond pas à l'amour du poète, il n'aura pas tout perdu puisqu'il deviendra immortel grâce à ces vers (v. 8). Ronsard évoque sa célébrité, chose très rare mais qui montre qu'il a une conscience de sa part de la qualité de sa poésie et de sa célébrité. Preuve en est la variante qui existe au vers 7: «mon nom» est parfois remplacé par «Ronsard». De plus, le poète parle de lui à la 3ème personne, afin de distinguer l'artiste et la personne privée. Ainsi, Ronsard insiste sur sa personne de poète. L'auteur a aussi conscience que ses vers sont beaux (v. 3). «Filant» et «émerveillant» riment ensemble et évoquent la monotonie. Enfin, Ronsard a conscience qu'étant devenu vieux, il séduit plus par ses vers que par son physique.


Conclusion

Ce poème d'amour est surtout un poème sur les pouvoirs de la poésie, qui permet notamment d'accéder à l'immortalité.
Par rapport à la problématique: Ronsard se fait une haute idée de la poésie. Pour lui, le poète est inspirée par une muse (divinité féminine dont celle de la poésie lyrique est Euterpe), qui offre au poète le don d'écrire. Ainsi, le poète écrit sous la dictée de cette muse et est choisi. C'est cela qui lui confère sa supériorité (intellectuelle) sur tous les hommes, y compris le roi. Mais cela n'empêchent pas les poètes de travailler: ils sont inspirés certes mais ils doivent réfléchir.
De plus, la poésie donne l'immortalité au poète, aux sujets des poèmes, aux idées formulées grâce à la beauté de ses vers et de son chant.